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La fin de l’escale stambouliote approche…

Qu’ai-je fait depuis mon arrivée à Istanbul ?

J’ai beaucoup marché. J’ai exploré divers quartiers, je me suis imprégnée de la vie des rues, me suis familiarisée avec la géographie stambouliote. À l’INALCO, nos professeurs évoquaient souvent des endroits de la ville comme si nous la connaissions tous… Maintenant, je suis presque une initiée.

Je ne me suis pas seulement déplacée à pied, j’ai aussi pratiqué le réseau de transports, après avoir acheté une carte rechargeable permettant de prendre le bus, le tramway, le funiculaire et le vapur (bateau), moyens de locomotion que j’ai tous empruntés. Pour circuler à Istanbul, notamment aux heures où il n’y a plus de bus, vous pouvez aussi prendre les taxis, facilement repérables par leur couleur jaune et presque aussi nombreux que les voitures « normales », ou encore un dolmuş, un taxi-bus qui se présente sous la forme d’une camionnette jaune qui part une fois pleine (dolmuş signifie « rempli »). Les conducteurs de dolmuş, comme tous les usagers de la route en Turquie, dirigent leur véhicule de manière assez risquée et sportive (le code de la route, c’est pour les mauviettes). Pour plus de confort, vous avez donc intérêt à vous placer à l’arrière et non sur le strapontin à côté du conducteur, sans ceinture de sécurité.

Se déplacer à Istanbul peut parfois être très, très long. Le tramway, bien que semblable à celui de Montpellier (ils sont tous deux conçus par Alstom), est très lent. Quant aux bus, taxis et dolmuş, ils sont susceptibles d’être bloqués dans les embouteillages… J’ai entendu quelqu’un dire que pour cette raison, il était impossible d’arriver à l’heure à un rendez-vous à Istanbul.

Une chose est frappante aussi dans cette ville : à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, vous trouvez des boutiques ouvertes et des vendeurs ambulants. Quand les Turcs se reposent-ils ?

À n’importe quelle heure, vous croisez également des chats, beaucoup de chats. Ils sont visiblement appréciés ici, car des associations de quartier, au lieu de leur faire la guerre, les capturent pour les vacciner avant de les relâcher. Les gens leur donnent aussi à manger. Ils sont si nombreux que ce sont un peu les pigeons turcs, même si on a moins tendance à s’attendrir sur des pigeons (ce qui est très injuste d’ailleurs, non ?). Cette cohabitation a peut-être un lien avec la légende selon laquelle le prophète Mohammed aimait beaucoup les chats. Un jour, pour se lever sans déranger sa chatte Muezza, qui dormait sur sa djellaba, il aurait préféré couper un bout du vêtement. Celle-ci le remercia d’une révérence, et Mohammed accorda à tous les chats le pouvoir de toujours retomber sur leurs pattes.

En un peu moins d’une semaine, j’ai rencontré un certain nombre de gens : des Turcs, des Français, des Iraniens, des Italiens, des Syriens, des Kurdes… J’ai bu du thé et fumé la chicha, j’ai assisté à une partie de tavla, j’ai découvert un peu de musique kurde, j’ai fait la fête au pied de la tour de Galata, et aussi chez quelqu’un que je ne connaissais pas (mais qui était ami avec R., mon camarade d’avion) et qui organise des soirées Erasmus, j’ai trouvé d’intéressants points de vue sur le Bosphore, j’ai observé le soleil se coucher sur les mosquées, j’ai visité une colocation géante (ancien domicile de R.) gérée par un junkie australo-turc…

Ici, on se lie assez vite aux gens. Le fait de connaître un peu de Turc, quand vous êtes étranger, peut aussi contribuer à vous attirer certaines sympathies. Parfois, une personne que vous connaissez depuis une heure vous informe que vous êtes bienvenu(e) chez lui/elle quand vous voulez, ou vous propose de vous rendre tel ou tel service, ou de vous mettre en contact avec tel ou tel de leurs amis (ainsi, j’ai déjà plusieurs personnes à voir à Eskişehir). Lorsque vous vous quittez, ils vous disent avec un grand sourire qu’ils souhaitent vous revoir… et semblent sincères !

Aujourd’hui, flânant dans le quartier d’Üsküdar en compagnie de C. , une amie qui est en Erasmus ici, nous nous sommes arrêtées devant une vitrine dans laquelle dormait un chat. Le commerçant, assis devant sa boutique, engage alors la discussion et nous propose de prendre le thé. Il nous offre des cuillères en bois (!!) de sa boutique, ainsi qu’un livre de poèmes de Yunus Emre, « emprunté » à un commerçant voisin, dont il nous fait lire quelques passages. Il se dit derviche et nous vante ce grand poète mystique. Enfin, il nous propose du simit (pain au sésame), que nous refusons, et nous nous séparons, C. et moi arborant fièrement nos cuillères en bois !

Bien que toutes mes rencontres n’aient pas été aussi étranges, cet épisode représente assez bien l’esprit de partage que l’on trouve en Turquie. Il n’est pas rare que l’on vous invite ainsi à boire ou à manger. En fait, lorsque vous consommez en compagnie de Turcs, il est très difficile de payer sa part. Si vous souhaitez leur rendre leur générosité, vous devez vous précipiter avant eux pour payer, mais attention, il faut agir vite !

Parmi mes nouvelles connaissances se trouvent ma future colocataire, dont la famille habite ici à Istanbul. Au début, je devais loger avec deux autres personnes, mais comme elles fumaient, l’université, qui supervise le « placement » des étudiants Erasmus, m’a changée de partenaire. En réalité, cette dernière fume également. Je crois que tous les Turcs (et Kurdes) que j’ai rencontrés ici fument. Je n’ai pas envie de changer encore une fois de colocataire, d’autant plus que nous nous sommes bien entendues. Il y a peut-être moyen de s’arranger : si elle fume à la fenêtre, par exemple.
Avec elle et R. , nous nous sommes rendus dans un lieu où l’on nous a lu notre « destin » dans le marc de café… Voilà bien une chose que je n’aurais jamais faite d’ordinaire, en France !

Au cours de ces quelques jours, j’ai également rencontré de jeunes socialistes turcs, car en réalité, la vie politique ne se limite pas aux deux principaux partis : le CHP (parti kémaliste) et l’AKP (parti « islamiste modéré » au pouvoir).

Hé bien, c’est du joli ! À peine arrivée, je fréquente des Kurdes et des gauchistes…

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Avant le départ

À trois semaines du départ, faisons le point sur l’expérience que je m’apprête à vivre… ou sur ce que je crois que je vais vivre.

Où vais-je ? (Plantons le décor)

Eskişehir est une ville turque dont le nom signifie « vieille ville », bien qu’elle n’ait rien de très ancien, à part les ruines de Dorylée, le tombeau du roi Midas et celui du poète soufi Yunus Emre. Elle se situe plus ou moins entre Istanbul (à 315 km) et Ankara (234 km). Sa population est de 482 793 habitants, soit, à titre indicatif, presque le double de celle de Montpellier.

D’après ce que m’ont dit des personnes qui connaissent bien l’endroit, Eskişehir est une ville étudiante, jeune, assez animée. Elle comporte deux universités. La mienne, Anadolu Üniversitesi (« Université Anatolie »), est la quatrième plus grande université du monde pour le nombre d’inscrits. Voici un plan du campus pour vous faire une idée de ses proportions. Pourvu que je ne me perde pas !

En ce qui concerne le logement, l’université arrange des colocations entre étudiants turcs et Erasmus, pour ceux qui le souhaitent. À vrai dire, je ne sais pas encore où et avec qui je vais loger, mais on nous a dit de ne pas nous inquiéter et que tout serait réglé à notre arrivée. En cas de besoin, on peut aussi rester cinq nuits dans une « guest-house » sur le campus.

Où cours-je (que vais-je faire là-bas) ?

Je dois valider un certain nombre de matières, correspondant plus ou moins à celles que j’aurais dû étudier en troisième année à l’INALCO. J’ai donc choisi des enseignements en littérature, en histoire, en linguistique… Comme je ne connais pas les horaires de ces matières, et qu’elles se chevaucheront forcément, il faudra sans doute que je refasse sur place le contrat d’études qui m’avait déjà pris des heures à composer en France (tout cela me rappelle le moment où j’ai dû faire mon emploi du temps à la Sorbonne en tenant compte aussi de mes heures à l’INALCO).

L’université propose, paraît-il, des cours en plusieurs langues dont l’Anglais et le Français, mais je ne les ai pas trouvés sur le site. Il faut dire que j’ai principalement choisi des matières turco-turques, notamment de littérature. Tous mes cours seront donc en Turc. Or, malgré deux ans d’étude de cette langue, mes connaissances restent très scolaires et j’ai assez peu de pratique (bien qu’à Paris j’aie eu quelques occasions inattendues d’échanger quelques paroles avec des turcophones). On a finalement peu d’heures de langue à l’INALCO, et la progression est lente. J’avoue que je crains donc d’être un peu perdue…

Mais soyons positifs, à présent, et évoquons mes projets, mes attentes quant à ce séjour. J’espère bien sûr que mon niveau en Turc connaîtra une amélioration fulgurante. J’aimerais aussi rencontrer toutes sortes de personnes sympathiques et intéressantes (ce qui ne manquera pas d’arriver, j’en suis certaine), mais pas seulement des étudiants Erasmus ! Je dois faire attention à ne pas tomber dans le piège du « les étudiants étrangers restent entre eux et se parlent en Anglais ». Je voudrais tisser des amitiés avec des Turcs. Je souhaite mieux découvrir une culture que je ne connais encore que de loin. Je veux me remplir la panse (comment, il n’y a pas que la nourriture dans la vie ?). Je veux apprendre beaucoup de chansons (de retour en France, je recommencerai donc à vous embêter en chantant sans cesse, mais j’aurai de nouveaux airs dans mon répertoire, ha ha ha !). L’idée d’apprendre le saz m’a également effleurée, mais comme j’ai déjà lâchement abandonné (ou presque) la guitare depuis quelques années, j’ai quelques doutes quant à mon assiduité dans la pratique d’un nouvel instrument (et d’abord, il faut trouver un instrument et un professeur). Bien entendu, je suis consciente que « la culture turque » ne se résume pas à ces éléments !

J’ai aussi l’intention de profiter de certains week-ends et congés pour visiter d’autres villes et d’autres régions de Turquie, voire de certains pays voisins. Tant qu’à être dans cette zone, autant en profiter… Pour commencer, avant de me rendre à Eskişehir, je passerai une semaine à Istanbul, ville magnifique dans laquelle j’ai déjà séjourné deux fois, mais trop rapidement pour bien la découvrir.

Dans quel état j’erre ? (ce que je fais maintenant, comment je me sens)

J’ai rempli certaines formalités auprès de l’INALCO, auprès d’Anadolu Üniversitesi, auprès du consulat général de Turquie (j’aurai mon visa dans quelques jours), auprès de ma mutuelle… À part ça, je ne sais pas vraiment comment me « préparer ». Pratiquer la langue en regardant des vidéos sur Internet ? J’ai essayé un peu (même si le résultat s’est avéré plutôt décourageant). Prendre contact avec ma/mon/mes colocataire(s) ? Je ne connais pas encore son/leur identité…

En fait, même si une part de moi est excitée à l’idée de partir, j’ai du mal à me rendre compte que tout ça est vrai, que je décolle dans trois semaines, que je vais passer un an là-bas. Un an ! Ça me paraît irréel. Sans le vouloir, je vexe certains proches qui me disent que je vais leur manquer, en ne manifestant pas la même inquiétude de ne pas les voir. Mais c’est parce que je ne me rends pas encore compte, et parce que cette expérience vaut la peine de s’éloigner un peu de sa famille et de ses amis (qui, soit dit en passant, sont déjà dispersés dans plusieurs villes voire pays, donc les relations à distance n’ont rien de si nouveau pour moi), et aussi parce que je sais que je les reverrai. Ça ne signifie pas que vous ne me manquerez jamais : j’ai simplement confiance dans le fait que nous ne serons pas réellement, définitivement et irrémédiablement séparés !

Rendez-vous dans trois ou quatre semaines, sans doute 😉

Mise à jour du 15/08/2012 : J’ai finalement été contactée pour une colocation. J’habiterai donc avec deux autres étudiantes. Pour information, le loyer sera de 280 livres turques (122 euros) par personne et par mois et comprend le chauffage, l’eau et l’électricité. À Paris, un(e) étudiant(e) paie souvent autour de 600 euros pour se loger, sans compter l’électricité, et parfois sans compter le chauffage. Et ce, même en colocation parfois !

Mise à jour du 02/09/2012 : J’ai changé de colocataire, les deux précédentes étant fumeuses et pas moi. Le loyer est légèrement plus cher, mais reste intéressant !

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