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D’Istanbul à Eskişehir

Mercredi, le moment est venu de dire « Bi xatire we » (« Au revoir » en Kurde Kurmandji) à mes hôtes. J’ai aussi appris d’autres mots au cours de mon séjour :

Spas = Merci
Nawe to che ? = Comment t’appelles-tu ?
Nawe min Mariéva = Je m’appelle Mariéva
Nosh = Santé !

J’avais lu que pour aller d’Istanbul à Eskişehir, on pouvait prendre l’avion, le train ou le bus. Je comptais prendre le train, mais en réalité, la voie ferrée est en travaux depuis deux ans (!). J’ai donc opté pour le bus. Les Turcs empruntent beaucoup ce moyen de transport pour de longs trajets, lorsque nous prendrions plutôt le train. Les bus sont très confortables, chaque siège est équipé d’une petite télévision pour passer le temps, et quelqu’un passe régulièrement pour vous proposer à boire et à manger. Le trajet de cinq heures et demie fut sans histoire. J’ai réussi à tenir une conversation en Turc avec ma voisine, une Macédonienne dont la famille a déménagé en Albanie puis à Istanbul alors qu’elle était encore jeune, et qui s’est ensuite mariée à Eskişehir.

En descendant du bus, j’ai été accueillie à bras ouverts par ma colocataire et mon kanka. Ce mot signifie « copain », « pote ». Mon université attribue à chaque étudiant Erasmus un kanka qui doit l’accueillir et l’aider (décidément, ils prennent vraiment soin de nous !). Ils semblaient aussi enthousiastes que s’ils venaient de retrouver une vieille amie qu’ils n’avaient pas vue depuis des années.

Nous avons déposé mes valises chez ma colocataire (c’est-à-dire chez moi aussi, pour un an) avant de faire un tour en ville. Eskişehir est une ville récente, moderne, tout à fait semblable à n’importe quelle ville européenne, à la différence qu’on y trouve quelques mosquées à la place des églises.

Ils m’ont emmenée manger un kumpir : une énorme pomme de terre fourrée d’aliments divers et variés. Ils se sont disputés pour me l’offrir, et j’ai voulu profiter de cette « discorde » pour passer devant et payer moi-même, mais ils se sont soudain mis d’accord pour m’en empêcher.

Le lendemain, mon kanka m’a fait visiter le campus. Nous nous sommes également rendus tous trois, avec ma colocataire, dans un parc où se trouvaient un château et un bateau pirate de style Disneyland, ainsi qu’un lac, une figure de Nasrettin Hoca, une maison de Schtroumpf, un dinosaure, et des jeux pour enfants. C’était plutôt surprenant, et assez amusant.

Le soir, nous sommes sortis, avec des amis de ma colocataire, dans un bar où jouait un groupe. En France, certains bars sont « prévus » pour danser et ont un espace réservé à cet effet. Ici, on ne s’embarrasse pas de ce genre de considérations et on danse simplement où on peut, entre les tables. J’ai été amusée par le contraste entre l’apparence et l’attitude du batteur, plutôt « hard rock », et la musique qu’il jouait, des chansons de folk et de pop turque.

Une amie de ma colocataire nous a proposé d’aller à un mariage demain. En effet, contrairement à la tradition européenne, les mariages turcs ne sont pas privés. N’importe qui peut rejoindre la fête : des amis, des amis d’amis, et même de simples passants !

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La fin de l’escale stambouliote approche…

Qu’ai-je fait depuis mon arrivée à Istanbul ?

J’ai beaucoup marché. J’ai exploré divers quartiers, je me suis imprégnée de la vie des rues, me suis familiarisée avec la géographie stambouliote. À l’INALCO, nos professeurs évoquaient souvent des endroits de la ville comme si nous la connaissions tous… Maintenant, je suis presque une initiée.

Je ne me suis pas seulement déplacée à pied, j’ai aussi pratiqué le réseau de transports, après avoir acheté une carte rechargeable permettant de prendre le bus, le tramway, le funiculaire et le vapur (bateau), moyens de locomotion que j’ai tous empruntés. Pour circuler à Istanbul, notamment aux heures où il n’y a plus de bus, vous pouvez aussi prendre les taxis, facilement repérables par leur couleur jaune et presque aussi nombreux que les voitures « normales », ou encore un dolmuş, un taxi-bus qui se présente sous la forme d’une camionnette jaune qui part une fois pleine (dolmuş signifie « rempli »). Les conducteurs de dolmuş, comme tous les usagers de la route en Turquie, dirigent leur véhicule de manière assez risquée et sportive (le code de la route, c’est pour les mauviettes). Pour plus de confort, vous avez donc intérêt à vous placer à l’arrière et non sur le strapontin à côté du conducteur, sans ceinture de sécurité.

Se déplacer à Istanbul peut parfois être très, très long. Le tramway, bien que semblable à celui de Montpellier (ils sont tous deux conçus par Alstom), est très lent. Quant aux bus, taxis et dolmuş, ils sont susceptibles d’être bloqués dans les embouteillages… J’ai entendu quelqu’un dire que pour cette raison, il était impossible d’arriver à l’heure à un rendez-vous à Istanbul.

Une chose est frappante aussi dans cette ville : à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, vous trouvez des boutiques ouvertes et des vendeurs ambulants. Quand les Turcs se reposent-ils ?

À n’importe quelle heure, vous croisez également des chats, beaucoup de chats. Ils sont visiblement appréciés ici, car des associations de quartier, au lieu de leur faire la guerre, les capturent pour les vacciner avant de les relâcher. Les gens leur donnent aussi à manger. Ils sont si nombreux que ce sont un peu les pigeons turcs, même si on a moins tendance à s’attendrir sur des pigeons (ce qui est très injuste d’ailleurs, non ?). Cette cohabitation a peut-être un lien avec la légende selon laquelle le prophète Mohammed aimait beaucoup les chats. Un jour, pour se lever sans déranger sa chatte Muezza, qui dormait sur sa djellaba, il aurait préféré couper un bout du vêtement. Celle-ci le remercia d’une révérence, et Mohammed accorda à tous les chats le pouvoir de toujours retomber sur leurs pattes.

En un peu moins d’une semaine, j’ai rencontré un certain nombre de gens : des Turcs, des Français, des Iraniens, des Italiens, des Syriens, des Kurdes… J’ai bu du thé et fumé la chicha, j’ai assisté à une partie de tavla, j’ai découvert un peu de musique kurde, j’ai fait la fête au pied de la tour de Galata, et aussi chez quelqu’un que je ne connaissais pas (mais qui était ami avec R., mon camarade d’avion) et qui organise des soirées Erasmus, j’ai trouvé d’intéressants points de vue sur le Bosphore, j’ai observé le soleil se coucher sur les mosquées, j’ai visité une colocation géante (ancien domicile de R.) gérée par un junkie australo-turc…

Ici, on se lie assez vite aux gens. Le fait de connaître un peu de Turc, quand vous êtes étranger, peut aussi contribuer à vous attirer certaines sympathies. Parfois, une personne que vous connaissez depuis une heure vous informe que vous êtes bienvenu(e) chez lui/elle quand vous voulez, ou vous propose de vous rendre tel ou tel service, ou de vous mettre en contact avec tel ou tel de leurs amis (ainsi, j’ai déjà plusieurs personnes à voir à Eskişehir). Lorsque vous vous quittez, ils vous disent avec un grand sourire qu’ils souhaitent vous revoir… et semblent sincères !

Aujourd’hui, flânant dans le quartier d’Üsküdar en compagnie de C. , une amie qui est en Erasmus ici, nous nous sommes arrêtées devant une vitrine dans laquelle dormait un chat. Le commerçant, assis devant sa boutique, engage alors la discussion et nous propose de prendre le thé. Il nous offre des cuillères en bois (!!) de sa boutique, ainsi qu’un livre de poèmes de Yunus Emre, « emprunté » à un commerçant voisin, dont il nous fait lire quelques passages. Il se dit derviche et nous vante ce grand poète mystique. Enfin, il nous propose du simit (pain au sésame), que nous refusons, et nous nous séparons, C. et moi arborant fièrement nos cuillères en bois !

Bien que toutes mes rencontres n’aient pas été aussi étranges, cet épisode représente assez bien l’esprit de partage que l’on trouve en Turquie. Il n’est pas rare que l’on vous invite ainsi à boire ou à manger. En fait, lorsque vous consommez en compagnie de Turcs, il est très difficile de payer sa part. Si vous souhaitez leur rendre leur générosité, vous devez vous précipiter avant eux pour payer, mais attention, il faut agir vite !

Parmi mes nouvelles connaissances se trouvent ma future colocataire, dont la famille habite ici à Istanbul. Au début, je devais loger avec deux autres personnes, mais comme elles fumaient, l’université, qui supervise le « placement » des étudiants Erasmus, m’a changée de partenaire. En réalité, cette dernière fume également. Je crois que tous les Turcs (et Kurdes) que j’ai rencontrés ici fument. Je n’ai pas envie de changer encore une fois de colocataire, d’autant plus que nous nous sommes bien entendues. Il y a peut-être moyen de s’arranger : si elle fume à la fenêtre, par exemple.
Avec elle et R. , nous nous sommes rendus dans un lieu où l’on nous a lu notre « destin » dans le marc de café… Voilà bien une chose que je n’aurais jamais faite d’ordinaire, en France !

Au cours de ces quelques jours, j’ai également rencontré de jeunes socialistes turcs, car en réalité, la vie politique ne se limite pas aux deux principaux partis : le CHP (parti kémaliste) et l’AKP (parti « islamiste modéré » au pouvoir).

Hé bien, c’est du joli ! À peine arrivée, je fréquente des Kurdes et des gauchistes…

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